epidemic
expositions
Sensi sotto sopra
sensi sotto sopra En ouverture du Festival Romaeuropa
Teatro Palladium, Roma
29 septembre - 20 octobre 2006

Avec :

Romy Achituv - BeNowHere Interactive
Gregory Barsamian - The Scream
Du Zhenjun - J'efface votre trace
Richard Fleischer - L'étrangleur de Boston
Holger Förterer - Helikopter
Ulf Langheinrich - HEMISPHERE
Marie Maquaire - Tentative d'épuisement d'un lieu, Berlin
David Moises - Hanoscop
Christian Partos - Step-Motor Animations
Pierrick Sorin - Quelques inventions remarquables
Time's Up - BodySPIN
Sébastien Noël @ Troika - TV Predator
Studio Azzurro - Il Soffio sull'angelo

Commissariat : Richard Castelli (Epidemic)


Lentement et imperceptiblement, notre rapport au monde s’est transformé : à une approche immersive et panoramique (vue, ouïe, odorat) originelle du monde, nos activités de prédateurs ont substitué progressivement une approche de plus en plus visuelle et focalisée de ce monde. L’art a suivi le même chemin, des grottes préhistoriques où l’œuvre englobait les visiteurs jusqu’au « tableau-fenétre-sur-le-monde », fixe d’abord puis animé dès le siècle avant-dernier.

Sensi sotto sopra (Sens dessus dessous) ouvre les horizons de la perception artistique en bouleversant la relation habituelle entre le spectateur et l’œuvre.

Par leur caractère immersif ou interactif, les pièces présentées proposent non plus un point de vue mais une multiplicité d’angles de vision.

Par leur caractère immersif ou interactif, les pièces présentées proposent non plus un point de vue mais une multiplicité d’angles de vision.

Romy Achituv - BeNowHere        

Une proposition de manipulation du temps et de l’espace à travers quatre lieux des plus connus du patrimoine mondial : Angkor, Dubrovnik, Jérusalem, Tombouctou.

Gregory Barsamian -The Scream

Gregory Barsamian marie son amour de l’animation, de la sculpture et de la mécanique à ses rêves les plus étranges. Il évite la lourdeur du tambour du zootrope, cet ancêtre du cinéma, grâce à un stroboscope synchronisé avec la rotation du manège de ses sculptures. Ainsi, à chaque éclair du stroboscope, une sculpture représentant une étape de la métamorphose, succède à la précédente, donnant l’impression d’une constante transformation de sa forme, la pellicule étant remplacée par la matière.

Du Zhenjun - J’efface votre trace

Lorsque que vous traverser cette installation, plusieurs Du Zhenjun vous suivent au sol pour effacer votre trace. Ce qui semble amusant de prime abord génère très vite un sentiment de malaise dû à l’imposition de ces Du Zhenjun à une condition d’esclaves, ou simplement, au fait d’avoir pu en sourire précédemment. Un réflexion à la fois ludique et profonde de la condition humaine comme toute son œuvre.

Richard Fleischer - L’étrangleur de Boston

La première rencontre d’Hollywood et de l’avant-garde. Très impressionné par le cinéma multi écran de l’avant-garde tchèque à l’expo 67 de Montréal. Richard Fleischer (Les Vikings, le Voyage Fantastique, Che, Conan le Barbare !) vieux routier d’Hollywood, préssent qu’il tient là un mode d’expression qui n’attend que le scénario adéquat. De retour en Californie on lui propose l’histoire réelle d’un serial killer schizophrène, il décide de décrire la fragmentation de cet homme ainsi que la multiplicité des points de vue à son égard (lui même, ses victimes, les policiers, le procureur, la foule, les médias, grâce une utilisation virtuose et jamais égalé depuis du split-screen (cinémascope fragmenté), le tout servi par une interprétation hallucinée de Tony Curtis dans son plus grand rôle face à un Henri Fonda magistral.

Holger Förterer - Helikopter 

Conçu spécialement pour Helikopter le ballet d’Angelin Preljocaj : son programme informatique interactif, permet de transformer le sol en nuages ou en nappes liquides dont l’apparence et les mouvements se modifient au gré des déplacements des visiteurs.

Ulf Langheinrich - Hemisphère

Le premier long-métrage d’un membre du duo Granular Synthesis est aussi le premier long-métrage pour écran hémisphérique. Telle une coupole baroque animée, le film placé au-dessus des spectateurs, les immerge dans un maelström d’impulsions visuelles et auditives.

Marie Maquaire - Tentative d’épuisement d’un lieu : Berlin

À partir d’un effet spécial basique, Marie Maquaire propose une plongée vertigineuse à travers l’univers pourtant quotidien du métro aérien de Berlin.

Christian Partos - Striptease et Step Motor Animation

Peu d’artistes ont une palette aussi large de Christian Partos : Capable de détourner un système d’envoi de missives pneumatiques pour chorégraphier un duo de ludion lumineux, il peut aussi mettre en abyme une constellation de bébés ou nous faire participer à un strip-tease « sans corps ».

Time’s Up - BodySPIN (version installation)

BodySPIN est une sphère écran de trois mètres de diamètre à l’intérieur de laquelle le visiteur se déplace. Lorsqu’il fait tourner la sphère sous ses pieds, comme s’il faisait tourner la boule d’une souris d’ordinateur, il indique précisément la direction et la vitesse de son mouvement et contrôle les projections d’images sur la surface translucide de la sphère, créant ainsi le premier véritable espace virtuel et immersif. Pour cette exposition, Time’s Up

Sébastien Noël @ Troïka - TV Terminator

Pour finir et pour prouver une fois pour toute que le monde de l’image focalisée va mal (permettons-nous un peu de mauvaise foi à une époque où l’on prétend que la peinture est morte alors qu’elle continue de nourrir le marché), l’exemple d’une icône d’un abord inoffensif prend sournoisement sa revanche sur ce qui l’a pratiquement remplacé dans l’esprit et le cœur des humains : la télévision. Le TV Terminator de Sebastien Noël s’emploie à rendre folle toute télévision dans son entourage.

Pendant cette lutte fratricide, gageons que l’image intuitive, immersive, interactive en profitera pour se répandre d’autant plus … sens dessus dessous.

 

Annexe : Réflexion sur l’espace

Curieuse aventure que Sensi Sotto Sopra :

En général, il est proposé aux commissaires des lieux neutres comme des galeries, des musées. Plus récemment, apparurent au menu, les friches industrielles, elles aussi rapidement neutralisées, muséalisés ou pire encore volontairement surchargées de leur histoire, témoins alors de l’impuissance du monde de l’art et de celui de la culture à dépasser le stade du fétichisme d’un labeur passé, toujours anobli par la poussière des ages, même lorsqu’il n’était que totale aliénation pour ces pratiquants d’alors.

Ici, il s’agit d’un théâtre, en état de marche, et non le souvenir d’un théâtre, il prêt à produire, reproduire du spectacle devant des spectateurs selon un convention frontale somme toute assez récente au regard de l’histoire du spectacle, mais qui a fait ses preuves, jusqu’à faire oublier toutes les autres et devenir pour beaucoup la seule monstration possible : à travers un cadre de scène.

Comment de ce cadre de scène balisé et confortable aller vers l’immersion, le frisson, le vertige ?

Le mettre sens dessus dessous